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La France est prête à envoyer des renforts en Afghanistan

Des soldats français montent la garde dans la région de Farza, près d'un pont qu'ils ont construit. ASSOCIATED PRESS

Le président de la République examine les quatre options qui lui sont soumises pour appuyer les forces alliées engagées dans les régions en proie aux attaques des talibans.

Dimanche à Munich, les États-Unis, par la voix du secrétaire à la Défense, Robert Gates, ont une nouvelle fois battu le rappel de leurs alliés, avertissant que la violence et le terrorisme risquaient d'être relancés dans le monde entier si l'Otan subissait une défaite en Afghanistan. Vendredi, une délégation de hauts responsables canadiens était à Paris pour demander l'envoi de renforts français dans le sud du pays où les troupes dépêchées par Ottawa sont à la peine. Des sollicitations récurrentes que Paris envisage favorablement tout en se défendant d'agir sous la pression.

Contrairement à son prédécesseur à l'Élysée, qui ne voulait pas voir les troupes françaises s'attarder en Afghanistan, Nicolas Sarkozy considère ce pays comme le principal front de la lutte contre le terrorisme islamique. Pour le chef de l'État, qui s'est rendu sur place en décembre, un retrait français aurait des conséquences désastreuses pour les autres contingents et conduirait, à terme, au retour des talibans et d'al-Qaida à Kaboul.

Le président de la République s'apprête à se prononcer sur les plans qui lui seront présentés «dans quelques jours». Les annonces officielles ne devraient pas intervenir avant le sommet de l'Otan, à Bucarest, du 2 au 4 avril prochain. Coïncidant avec le terme du mandat français dans la région «Centre», le renforcement des effectifs devrait s'étaler jusqu'au printemps 2009.

Une cinquième «omelette»

Quatre options sont actuellement en préparation sous la houlette des hauts responsables militaires et diplomatiques. La première resterait centrée sur la région de Kaboul où est actuellement basé le gros des troupes (quelque 2 000 hommes au total). À la grande satisfaction de ses alliés, Paris déploie désormais des équipes d'instructeurs (Operationnal Mentor and Liaison Team, OMLT), intégrées au sein d'unités afghanes. Quatre de ces «omelettes», comme on les surnomme, sont d'ores et déjà opérationnelles sur le terrain, y compris dans les zones de combat. Une cinquième sera déployée dans le courant de l'année. Mais Paris est appelé à faire davantage. Une deuxième option serait un déploiement dans la région «Sud», autour de Kandahar. Paris y maintient déjà six avions (3 Rafale et 3 Mirage 2000D) et 200 hommes.

Les Canadiens, qui ont déjà eu près de 80 tués, ont indiqué qu'ils retireraient de Kandahar leurs 2500 soldats si l'Otan ne déployait pas un millier d'hommes supplémentaires. La semaine dernière, la presse canadienne évoquait le chiffre de 700 Français transférés vers le Sud. Une troisième option consisterait à envoyer des renforts français à l'ouest, dans la province du Helmand et vers la frontière iranienne.

Des régions livrées aux chefs de guerre, aux bandes criminelles et aux cultivateurs de pavot. La Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf), avec ses 43 000 soldats de 40 pays, n'y est pas présente. Enfin, la dernière hypothèse viserait à dépêcher des troupes à l'Est, autre zone «chaude» de l'Afghanistan, proche des régions tribales du Waziristan où les djihadistes évoluent comme des poissons dans l'eau.

«Nous souhaitons rendre notre dispositif plus cohérent grâce à un «paquet France» réordonné par l'Otan», souligne-t-on à l'Élysée. À la présidence, on penche dans tous les cas de figure pour l'envoi de quelque 250 hommes des forces spéciales. Une solution qui présenterait l'avantage d'un affichage musclé, d'une bonne acceptation des risques par l'opinion et d'une économie en termes d'effectifs.

Deux cents commandos du Commandement des opérations spéciales (COS) ont déjà été présents en Afghanistan jusqu'en janvier 2007, d'abord sous commandement américain dans la région de Spin Boldak, sur la très délicate frontière sud avec le Pakistan, puis à Djelalabad. Le retour des forces spéciales enverrait un signal fort aux Américains qui apprécient leurs fortes capacités opérationnelles (notamment grâce à un système de communication satellitaire ultra-performant).

Reste à surmonter les réticences de ceux qui gardent l'œil sur d'autres théâtres de crise, comme le Liban-Sud ou le Tchad où ces forces sont bien intervenues la semaine dernière pour exfiltrer des ressortissants français et des diplomates.

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